Naucourt
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Rembrandt

la lutte de Jacob avec l'ange

La lutte de Jacob avec l'ange est un épisode biblique du livre de la Genèse. Revenu à Canaan, Jacob est demeuré seul sur la rive du Jabbok après avoir pris diverses dispositions en vue des retrouvailles redoutées avec son frère Esaü. Durant la nuit et jusqu’à l’aube, il lutte contre un mystérieux adversaire, se fait blesser par lui à la hanche et reçoit sa bénédiction ainsi que le nouveau nom d’Israël sous lequel sa descendance sera désormais connue. Le personnage contre lequel lutte Jacob est le plus souvent décrit comme un « ange ». Les interprétations données à cet épisode sont nombreuses et beaucoup d'interrogations subsistent, dont celle-ci : qui est donc cet adversaire au comportement aussi mystérieux que paradoxal, qui surgit sans crier gare, combat toute la nuit mais finit par lâcher prise, blesse Jacob puis le bénit ? Dans son récit, Élisée Alban Darthenay tente d'en donner sa propre version : l'ange serait le destin de l'homme.

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Élisée Alban Darthenay, un esprit éclairé

Élisée Alban Darthenay,  qui  signait  ses  œuvres  de ses  initiales  EAD,  ne  fut  pas seulement un combattant acharné et déterminé en mai 1940, un captif rageur et redoutable dans la  défaite,  un  évadé  mythique  de la  forteresse  de Colditz,  un  héros  et un martyr de  la Résistance.


Non!


EAD  était  aussi  un  fin  lettré  et  un artiste délicat,  mais aussi un  penseur et un philosophe à la plume acérée qui ne craignit pas de polémiquer avec l’un de ses illustres contemporains, le philosophe Alain, dans ses «Suites de réflexions sur la guerre».


Dans ses dessins et dans ses écrits, on retrouve une similitude troublante avec un autre soldat-écrivain, Antoine de Saint-Exupéry, l’auteur notamment du "Petit Prince". Ces deux héros ne se se sont jamais rencontrés, mais il est émouvant de penser aux destins croisés de ces deux hommes qui tous deux connurent une fin tragique au cours  de  la  seconde guerre mondiale,  en  combattant, l’un dans le ciel de gloire, le second dans l’armée des ombres.


Si l’œuvre de E.A.D.est moins prolifique – question de temps - et sans doute  moins célèbre que  celle  de  son  aîné, elle  mérite  amplement  d’être  portée  à  la connaissance du plus grand nombre, en attendant qu’un historien, à la fois biographe et poète lui donne définitivement la place qui lui revient...


En 2022, c'est chose faite :l a biographie de Darthenay paraît aux éditions Balland sous le titre "Lieutenant Darthenay, un Saint-Cyrien dans la Résistance" (cliquer sur le bouton Biographie officielle pour y accéder).

Voici des extraits de quatre de ses écrits majeurs couchés sur le papier

– dont la texture fut de plus ou moins bonne qualité selon les circonstances du moment ! –

dès 1934 et surtout entre 1941 et 1944.

Il s'agit-là de deux feuillets manuscrits autour de thèmes récurrents chez Élisée Alban Darthenay : le courage, l'honneur et la dignité, autant de vertus qui guideront sa vie. Ce texte a été écrit en 1934 : son auteur a tout juste 21 ans, il est en première année de classe préparatoire au concours d'entrée à Saint-Cyr au lycée Condorcet à Paris.

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C'est au cours de sa captivité à Colditz (1941-1943) qu'Élisée Alban Darthenay va composer ce conte philosophique en vers qu'il dédiera à sa petite Geneviève, sa fille née en octobre 1940 et qu'il n'a encore jamais vue. Il y relate de façon très allégorique sa vie quotidienne de prisonnier de guerre, avec ses douleurs et ses angoisses, mais aussi avec ses lueurs d'espoir et son envie de vivre pour revoir un jour sa famille. Aquarelliste de talent, il illustre magnifiquement chacune des 57 pages de ce conte.

Sur cette illustration extraite du conte, on voit un personnage perché au sommet de la tour du château. On devine sans mal qu'il s'agit d'Élisée Alban Darthenay scrutant un horizon chargé de nuages mais tout de même porteur d'espoir. Ce personnage n'est pas sans rappeler de façon troublante un autre "Petit prince" qui pourtant ne paraîtra en France que quelques mois plus tard. La signature de l'auteur apparaît nettement au fronton de l'édifice avec les trois lettres "EAD".

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~ LE CHATEAU DES PREUX DE LA RONCE DORMANTE ~

  

~ PENSÉES ~

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"Jean Naucourt ou le combat avec l'ange" tient à la fois de l'autobiographie et du roman-mémoire. Élisée Alban Darthenay, EAD, à travers le récit de sa vie nous décrit les expériences, les aventures et les péripéties de son existence. Le sujet - Naucourt, nom qu'il s'est inventé et dont personne y compris dans son entourage proche ne connaît l'origine - est un personnage de fiction dont la vie, relatée à la troisième personne du singulier, est très manifestement inspirée de celle de l'auteur. Ce récit nous emmène des souvenirs - parfois candidement brodés - de sa prime enfance à ceux, bien plus réalistes et nettement moins réjouissants, des durs combats de mai 1940, de ses conditions de vie précaires en oflags comme prisonnier de guerre et de sa périlleuse évasion de Colditz. D'ailleurs, ainsi qu'il l'écrit lui-même dans sa préface, "ce livre est un livre de guerre", sa guerre, celle qu'il mène pour de nombreuses raisons qu'il détaille. Mais son principal combat est celui qu'il livre sans merci contre le destin : "Dans notre vie", écrit-il, "il y a deux parts, celle que détient l'homme et celle qui lui échappe, celle qui appartient au destin". C'est ce destin, à la fois "brutal", "taquin", "imprévisible", mais aussi parfois "lumineux" et "sensible" qu'il compare à un ange. Et c'est ce combat avec l'ange, qui rappelle furieusement celui que dut aussi livrer Jacob une nuit durant (Livre de la Genèse, 32 24-32) contre le même adversaire, qui constitue la trame de son livre. Et qui lui donne une force spirituelle impressionnante et assez inattendue pour un récit de ce genre. Cet ouvrage imaginé et ébauché par son auteur dès 1941 lors de sa période de captivité, se verra mettre un point final par EAD en décembre 1943, soit moins de quatre mois avant son sacrifice suprême dans les Maquis de l'Ain et du Haut-Jura. Compte tenu des conditions atroces de la mort du lieutenant Darthenay-Naucourt, le lecteur est en droit de se demander qui de l'ange ou du narrateur a finalement remporté le combat...

~LES HOMMES ET LA GUERRE ~

L’ouvrage comprend une trentaine de pages entièrement dactylographiées par Élisée Alban Darthenay lui-même début 1944, juste avant qu'il ne s'engage corps et âme dans la Résistance, dans les Maquis de l’Ain et du Haut-Jura. Il se présente, selon son auteur, comme un recueil de « réflexions sur la guerre » qui ont subi une longue maturation, avant d’être jetées sur le papier un peu à la va-vite, sans volonté d’en faire « un bouquet trop serré ». Il se veut aussi une réponse pensée et argumentée au livre du philosophe Alain, « Les convulsions de la force » de la part d’un soldat ayant - lui - connu en quelques années tous les aspects de la guerre, y compris la captivité et l’évasion. Alain, pacifiste résolu après les tueries de la Grande Guerre, avait aussi tenu son journal  et, en 1940, saluait la remarquable sincérité d’Hitler « Il faut savoir parler aux masses, c’est là qu’est le ressort démocratique » puis « J’espère que l’Allemand vaincra, car il ne faut pas que le genre « de Gaulle » l’emporte chez nous ». Il est troublant et dramatique de penser que moins de trois mois après avoir écrit ces quelques pages Élisée Alban Darthenay – Jean-Louis Naucourt dans la Résistance – aura été arrêté et abattu dans des conditions barbares par ceux contre qui ils faisaient la guerre (« je suis et je reste le soldat qui m'oppose à lui [Hitler] »). Mis en perspective avec la fin tragique du "muet de Sièges", cet ouvrage n’en prend que plus de relief.

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Par sa mère, née Élise-Marie Senès, fille de Élisée-François Senès et Marguerite-Marie Parodi, Élisée Alban Darthenay est apparenté à la famille des Parodi. Entre autres faits glorieux, les Parodi se sont illustrés par leur conduite héroïque et leurs hautes responsabilités pendant l'occupation et la Résistance. Ainsi, Alexandre Parodi, successeur de Jean Moulin à la tête du Conseil National de la Résistance (CNR), est aux côtés du général de Gaulle lors de la fameuse descente des Champs-Élysées le 26 août 1944 dans Paris libérée ; et c'est lui qui, vice-Président du Conseil d'État de 1960 à 1970, envisage le premier en avril 1964 de donner le nom de Darthenay à une Promotion de Saint-Cyr. Son frère, René, a été le seul haut magistrat français à avoir été mis à mort par la Gestapo pour faits de résistance en 1942. Alexandre et René, tous deux compagnons de la Libération, sont les fils de Dominique Parodi, philosophe et membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques). Et c'est Dominique Parodi qui publiera dans le numéro 14 de la Revue de la Méditerranée dans sa livraison de juillet-août 1946 de larges extraits de "Naucourt ou Le combat avec l'ange", révélant ainsi au grand jour et au grand public la grandeur d'âme ainsi que l'esprit particulièrement combatif de celui qui fut son petit neveu.

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Pour accéder aux extraits choisis et édités publiquement par Dominique Parodi, cliquer sur le livre

 ci-dessous


I

V


~ JEAN NAUCOURT OU LE COMBAT AVEC L'ANGE ~

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